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Articles de psychothérapie sur le passage vers soi-même par Pascale Bernard

Pascale Bernard rédige pour vous des articles de psychothérapie pour la compréhension de l'être.


Premier passage vers soi-même - Les émotions

Etymologiquement, le terme « émotion » est relié à la « mise en mouvement ». Et en effet, elle provoque à l’intérieur de nous une onde, un frémissement, qui peut nous pousser à agir, voire à fuir, qui est aussi une action. 

L’être humain a, à sa disposition, quelques émotions de bases : La joie, la colère, la peur, la tristesse, le dégout, l’amour, la surprise. A partir de là, elles peuvent se nuancer en termes d’intensité (une contrariété légère et une fureur font partie d’une même « famille » : la colère) et s’associer entre elles (la peur et la colère peuvent fabriquer de la jalousie par exemple). Chacune est là au départ, pour protéger l’individu qui les ressent. N’oublions pas qu’à l’origine, elles contribuent à la survie de l’Homme dans un monde sauvage où il était important d’être vigilant à chaque perception. Ainsi, dans l’absolu, n’avoir jamais peur met la vie en danger. Pourtant aujourd’hui, lorsqu’elle envahit, se fige ou devient angoisse, sans objet réel, elle empêche la personne de mener une vie ordinaire. Très vite alors se pose la question de vivre agréablement avec ce flux intérieur, car nombre de nos soucis quotidiens sont liés à la dimension émotionnelle. La timidité est par exemple le résultat combiné de l’envie de plaire et de la peur de ne pas y arriver. En apprivoisant ces deux aspects, il est possible de les dépasser.

Je parlerai davantage d’émotion que de sentiment, le premier vocable se situant au niveau du ressenti, le deuxième étant davantage une traduction intellectuelle du vécu. J’utiliserai également le mot « affect » qui appartient au vocabulaire freudien et associe les deux notions. Ceci étant les définitions précises varient selon les auteurs, de même que le nombre d’émotions de base est variable selon les approches. Je ne me positionne pas ici dans une recherche de vérité mais plutôt dans une quête d’outils aidant au quotidien. Par exemple, lorsqu’une personne ne sait pas exactement nommer ce qui se joue en elle, elle peut reprendre la grille des émotions de base pour mettre des mots sur ce qu’elle ressent et se demander : « Est-ce plutôt de la colère ou de la tristesse ce qui se manifeste en moi ? »

L’émotion est une réaction automatique de notre psyché, elle existe que nous le voulions ou non et nous pouvons porter un regard positif sur elle dans la mesure où elle est signe de la vie qui se meut en nous. Partant de là, chacun a le droit de ressentir de la tristesse, de l’envie, aussi bien que de la joie. De même, chacun a le droit de dire « Je suis en souci », « Je suis gêné » .... Bien sûr, il s’agit d’éviter la confusion entre ce que l’on ressent et les actes qui en découlent. L’autorisation d’éprouver et d’exprimer n’est pas la porte ouverte au passage à l’acte. Ainsi, formuler : « Je suis en colère contre mon collègue ! » ne donne pas la permission de se montrer violent vis-à-vis de celui qui a déclenché ma rage.

C’est par la fonction émotionnelle que passe l’expression d’un besoin, profond, essentiel, enfoui, pas suffisamment entendu, pas suffisamment respecté. Par exemple, il est possible que l’on vous ait dicté des émotions : « Mais non, tu n’es pas triste ! » ou « Tu dois aimer ta tante Lucette ! » Ce type de paroles, parfois menaçantes, parfois culpabilisantes, laissent des traces dans l’inconscient et influent sur les façons de fonctionner, lorsqu’une personne prend l’habitude de « ravaler », de les nier, afin d’avoir la paix ou de ne pas être jugée. Ensuite, elle oublie ce phénomène et ce mécanisme devient enfoui, inconscient. Alors, elle ne se rend plus compte de ce qui se joue. Pourtant, les émotions refoulées continuent bel et bien à exister et s’accumulent, s’amplifient, un peu comme dans une cocotte-minute. Cela explique « les explosions d’humeurs » incontrôlées, inattendues. C’est à ce moment-là que l’idée de « contrôler ses émotions » surgit. On le comprend aisément, cependant d’autres pistes sont possibles, davantage tournées vers la prévention et une pratique quotidienne de l’accueil des affects.

C’est ce que nous aborderons dans le prochain article, puisqu’en s’appuyant sur ces bases nous poursuivrons ce thème. Par ailleurs, nous pointerons certaines avancées neuroscientifiques.


Deuxième passage vers soi-même - Les émotions (deuxième partie)

Il arrive que des personnes viennent me consulter pour « gérer leurs émotions ». Ce thème a fait d’ailleurs l’objet de beaucoup d’écrits, de nombreuses conférences, dans le monde occidental. Et effectivement, dans notre psyché les émotions occupent une place essentielle, au même titre que les sensations corporelles ou les idées. Pourtant, plutôt que de les gérer, je préfère proposer aux personnes de les accueillir et les transformer. En effet, les émotions ont souvent été maltraitées, niées ou dévalorisées dans les parcours de vie. Elles n’ont pu se dire et c’est pour cela qu’il arrive qu’elles encombrent celui qui les produit.

Nous avons vu sur l'article précédent que c’est par la fonction émotionnelle que passe l’expression de besoins profonds qui n’ont pas été suffisamment respectés. Ce peut-être un besoin de reconnaissance, d’amour, de sécurité … Tout ce qui permet de construire des bases intérieures, de manière solide et équilibrée.


Lorsque l’émotion surgit et a tendance à envahir l’intériorité, à empêcher de vivre agréablement, il est donc possible de rechercher le besoin caché, enfoui, plutôt que de vouloir absolument la faire taire. Comment faire ?

La première étape consiste à accueillir ce qui se passe en soi. Quelles émotions vivent en moi ? Il s’agit d’accepter de les ressentir qu’elles me plaisent ou non. Ce peut être une pratique au quotidien, je pourrais dire une habitude.


En deuxième lieu, il devient possible dès lors qu’elles sont ressenties, de les nommer (voir article précédent) et donc de les identifier, c’est l’occasion de les amener à la conscience.


Ensuite, troisième point, explorer, décrire ces émotions pour, quatrièmement les exprimer. Par ce processus, au lieu de « fermenter » dans un « recoin de notre psyché » ce qui « empoisonne la vie », au sens propre comme figuré, elles peuvent sortir de nous. Une fois allégé de ce poids interne, quelle surprise de constater que cela a libéré de la place pour de nouvelles émotions ! Et là, il devient possible de cultiver « autre chose », de la joie, de l’enthousiasme par exemple. Notons que l’expression des émotions peut se faire par la parole, mais aussi par tous moyens artistiques et symboliques permettant parfois de dire ce qui est difficile ou ce que nous avons du mal à cerner en nous.

Enfin, j’aborderai les liens entre les émotions et d’autres fonctions de la psyché comme les sensations (le corps) et la pensée. Ces liens furent pointés par les pionniers de la psychothérapie humaniste, il y a environ un siècle. Et actuellement, de façon inattendue, ce sont les neurosciences qui viennent conforter ce point de vue. Tout d’abord, prenons le duo corps/émotion. Il est assez évident à observer, puisque chaque expérience émotionnelle se vit aussi par une manifestation physique (chair de poule, respiration accélérée…). Mais les neurosciences vont beaucoup plus loin puisqu’elles ont montré que le stress, qui est associé à la peur, agit sur la santé et notamment sur notre système immunitaire. Je ne peux exposer ici cette question qui demanderait un long développement, aussi je vous indique un ouvrage qui la traite de manière détaillée : « Stress, pathologies et immunité » J-M Thurin et N. Baumann. Ce livre est un peu technique mais apporte des informations précieuses sur ce qu’il faut bien appeler la psychosomatique. Ainsi, apprendre à vivre avec nos affects de manière fluide, est un des facteurs de notre bien-être et de notre santé.

Concernant le lien émotion/pensée, nous avons tous le souvenir de moments où la peur nous a empêchés de réfléchir. Sur le schéma de l’étoile (ci-dessus) il apparaît que ces deux fonctions sont face à face, ce qui indique une grande interaction entre elles. Là aussi, plus nous nous désidentifions des émotions douloureuses et plus nous percevons leurs origines, plus nos idées seront claires et efficaces. Antonio Damasio, médecin neurologue et neuropsychologue a conduit des recherches sur ces champs. Il s’est rendu célèbre par la publication de « L'Erreur de Descartes. La raison des émotions » (Editions Odile Jacob). Il montra aussi comment les émotions interviennent dans la notion de conscience. Si ses travaux vous intéressent, je vous propose de l’écouter sur le site www.franceculture.fr/,‎ lors d’une émission de radio intitulée «Entretiens universcience ».




Ces dernières années, les progrès de la recherche ont amené à repenser la place de la fonction émotionnelle. Aussi, il apparaît qu’elle est essentielle, à respecter, à entendre afin d’approcher l’équilibre intérieur que chacun recherche. Être en lien avec cet aspect de soi-même peut se faire de façon simple et apporter un mieux-être. Pourquoi nous en priver ! Je vous rappelle que si vous souhaitez en savoir plus ou expérimenter ces notions je vous propose des ateliers « méditation et créativité » à Montélimar, deux mardis par mois en soirée.


Troisième passage vers soi-même - La place des sensations corporelles dans la psyché

Le corps, avec les sensations qui l’accompagnent, parfois difficile à contrôler, parfois tabou, n’est pas toujours entendu. Et même lorsqu’il est vénéré, comme lors d’une course effrénée vers une esthétique normée, est-il encore respecté ?


Je vais commencer par distinguer « le discours sur le corps » et la perception physique. Lorsque je parle de fonction psychique, il s’agit bien de la sensation, c’est-à-dire du ressenti corporel. On utilise le terme d’intéroception pour désigner la conscience de l’état interne de notre corps. Ces mots vous paraissent compliqués ? En fait, ils recouvrent des réalités très simples. Les informations que nous donnent nos 5 sens et celles que nous percevons en interne. Ces questions peuvent aider à recontacter les sensations : Que sentez-vous dans votre corps ? Du chaud ? Du froid ? Des tensions ? Des contractures ? De la fluidité ? De la faim ? De la satiété ? Il s’agit aussi de sentir son corps dans l’espace, de capter le plaisir du mouvement d’amener ces éléments à la conscience, de se le dire intérieurement. Tout cela c’est déjà déployer cette fonction. S’attarder sur sa respiration, vivre le rythme de celle-ci, sa profondeur, repérer les battements de son cœur, comme un bercement, c’est aller un peu plus loin.



L’enjeu est juste de percevoir ce qui survient. Je vais prendre un exemple : Lorsque je me regarde dans le miroir et que je me dis « J’ai une nouvelle ride. » C’est le mental qui s’exprime et qui interprète le pli à la surface de la peau mais ce n’est pas l’expression du corps. Car vous en conviendrez, la perception interne de la ride est quasi impossible, elle ne fait pas mal, ne chauffe ni ne glace, et ne gêne en rien le bon fonctionnement physique. Et si j’ajoute « C’est trop moche cette ride ! » c’est plus que jamais le mental qui juge, encore et encore et qui nous éloigne un peu plus de la perception physique.

Si j’insiste sur cet aspect de la conscience de soi, c’est parce que les approches psychocorporelles comme les neurosciences pointent le fait que cette fonction joue un rôle important dans la façon dont nous traversons les difficultés. Ainsi, la capacité d’intéroception semble déterminante dans les problématiques alimentaires, l’anxiété, et la « gestion » de la douleur et les questions autour de l’attention.


Dans différentes unités de recherche, des expériences ont montré que plus les personnes développaient ces aptitudes, plus elles amélioraient leur confort intérieur et plus les troubles diminuaient. Je citerai les travaux de deux psychologues : Olga Pollatos (université de Potsdam) et de Tiffany Rain Carei (Hôpital pour enfants de Seattle). Avec leurs équipes respectives elles ont accompagné des personnes souffrant de troubles alimentaires et ont observé combien la relation à soi et au corps était en jeu et pouvait évoluer, se transformer vers un mieux-être.

Pour ce qui est de la douleur, j’évoquerai ici les recherches de Pierre Rainville, professeur canadien de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Il observe, par l’imagerie cérébrale, qu’une conscience intéroceptive importante, si elle ne diminue pas la sensation de la douleur, change le rapport à celle-ci. Ainsi, des régions du cerveau, impliquées dans les émotions (système limbique), ne sont pas mobilisées lorsque la douleur survient. Cela la rendrait donc plus gérable.


Bien sûr, nous sommes encore au début du chemin. Beaucoup reste à faire avant que nous puissions réellement comprendre la subtilité de ces rouages. Pourtant, tout ce qui peut développer nos perceptions sensitives mérite notre attention. Il peut s’agir de pratiques artistiques ou méditatives qui, par la présence à soi qu’elles exigent, aident à cette conscientisation.


Ce qui me parait essentiel pour terminer c’est de se rappeler que la sensation corporelle a besoin de simplicité. Là où l’être humain met parfois « du compliqué », à l’endroit où il la confond parfois avec du paraître, elle a besoin d’humilité. Le corps ne demande qu’une chose : être. Et c’est dans cet espace d’acceptation qui peut aller jusqu’à l’expression résiduelle, minimaliste de la sensation que je vais pouvoir dire : « J’ai un corps et je suis plus que cela » et explorer un univers plus large. C’est en s’appuyant sur la perception physique interne et première, en la validant que je vais m’ouvrir au monde et à moi-même. Accéder à cette ouverture ne peut se faire que par l’expérientiel, aussi je ne peux ici, que vous inviter à cette démarche, rien de plus.


Quatrième passage vers soi-même - La fonction mentale (Partie 1)

La tradition bouddhiste compare nos pensées à des « singes fous » qui sautent de branches en branches et sont en perpétuel mouvement. Effectivement, l’intellect ne s’arrête jamais et se montre souvent indiscipliné, les idées peuvent même devenir envahissantes.


Cela est une réalité à reconnaître, un fait universel, nous fonctionnons ainsi. Et bien sûr, tenter de supprimer ce phénomène est vain d’autant que la fonction mentale est une faculté qui présente de nombreux avantages. Il serait dommage de s’en priver.


Pourtant, il est essentiel d’avoir conscience de ce phénomène et de veiller à l’observer, afin de garder une certaine liberté face à la fonction mentale. Lorsque nous oublions que le cognitif est continuellement en marche, alors, nous ne faisons plus vraiment la différence entre ce que nous pensons et la réalité. Nous perdons de vue que la pensée n’est qu’un élément de la conscience et n’est pas la conscience tout entière. Nous n’accédons plus à ce que l’on appelle la « d’effusion ». Ainsi par exemple, il est bien différent de se dire : « Je suis en difficulté. » et « Je pense que je suis en difficulté ».


Dans le premier cas, l’être humain s’identifie à une de ses idées et confond son être avec cette pensée. Il risque alors, de s’enfermer dans des croyances limitantes. Des affirmations telles que : « Je ne comprends rien aux chiffres ! » ou « Avec les hommes, c’est toujours la catastrophe ! » freinent l’individu dans l’accès à ses potentiels et l’amènent à agir de manière automatique et peu créative. Ces croyances viennent souvent de l’enfance et demandent d’être conscientisées et explorées pour être dépassées.

Dans le deuxième cas, la personne perçoit qu’elle a affaire à une représentation distincte des faits, du réel. Je me rends compte que la nuance entre les deux n’est pas toujours évidente, mais accéder à cette différence permet de prendre suffisamment de distance avec la fonction mentale pour l’observer, en avoir les bénéfices sans être envahi par elle. Autrement dit, nous pouvons passer de l’errance, de l’assujettissement aux pensées à l’aventure bienveillante ou à l’expédition intérieure.

En interne, nous le voyons, le positionnement vis-à-vis de la fonction intellectuelle est déterminant. Il influence de plus, notre relation au temps. Le rapport au passé, au présent, au futur caractérise aussi notre façon d’être et notre bien-être et il est géré par le mental. Observons que nous sommes plus souvent projetés dans l’avenir ou en train de ressasser ce qui a été, que prêts à déguster l’instant présent. Or, lorsqu’un individu est par trop attaché au passé et par là même aux difficultés d’autrefois, il risque d’entretenir des souffrances et de reproduire des situations douloureuses. Connaître son histoire est une chose, laisser le mental nous enfermer dans le passé est une autre affaire. Il en va de même pour le futur : Se propulser par la pensée vers « demain », revient trop souvent à fuir.


En externe, et donc dans la relation aux autres, notre mental peut nous jouer des tours, lorsqu’il confond certitude et vérité lorsqu’il l’impose aux autres. J’ai entendu Philippe Derruder, montrer que l’homme préfère avoir raison plutôt qu’être heureux et je partage cette observation, je m’en attriste avec lui. Qu’est-ce qui est vraiment important dans nos existences ? Dominer l’autre par les idées ou être juste à l’écoute de points de vue, de ressentis, parfois différents des nôtres ? Cela implique de renoncer à penser à la place d’autrui et d’accepter notre impuissance à changer l’autre. En revanche, nous pouvons changer le regard que nous portons sur lui, l’attention que nous lui accordons et donc transformer le lien.


La psychothérapie, dès lors qu’elle prend en compte l’être humain dans sa globalité, permet de déployer plus de liberté face au mental qui, de toutes façons, fonctionne de manière continuelle et universelle. Avec de la pratique, il est possible de détacher notre conscience des seuls contenus intellectuels tels que les croyances, qui l’amenuisent, la déforment, et de faciliter l’auto-identification. Cela consiste à se relier à ce que nous sommes en profondeur et à faire la paix avec nous-même et avec les autres.


Cinquième passage vers soi-même - La fonction mentale (2éme partie)

Lorsque l’émotion chahute le mental, qu’en est-il de l’attention et de la mémoire ?



Héléna passe un écrit du bac. Elle a travaillé, préparé cette épreuve toute l’année et pourtant dans la situation de stress que représente un examen, elle ne sait plus rien ou plutôt ne réussit plus à retrouver le chemin de sa pensée. Les émotions font barrage à l’intellect.


Chacun de nous a connu à des degrés plus ou moins importants, des expériences de ce type. J’ai effleuré cette question en octobre dans cette même rubrique, lors du « 2° passage vers soi-même » qui traitait des affects. Aujourd’hui, j’irai un peu plus loin en me penchant sur les thèmes de l’attention et de la mémoire qui bien sûr entrent en jeu dans les processus de pensée.


Je m’appuierai pour se faire, sur les travaux de N. Baumann qui est neuroscientifique et J-M Thurin qui est psychiatre. Avec leurs équipes, ils se sont associés pour une réflexion ouverte et moderne sur le stress*. Une partie de leurs recherches est centrée sur la cognition.

Comment ça marche ?


Les auteurs pointent notamment le phénomène de neuroticisme (Ouh ! c’est quoi ce mot ? En fait c’est facile !). C’est lorsqu’une personne, quelques soient la situation et la menace en présence, multiplie les émotions négatives. Les chercheurs ont découvert que cette façon de fonctionner avait entre-autre une incidence sur le système cognitif. Cela passe par une tendance à davantage contrôler, juger et à verser dans la dévalorisation de soi-même. Plus il y a contrôle, plus il y a rigidité et plus la pensée perd de sa fluidité et de sa créativité. J’insiste sur le fait que les fonctions psychiques sont liées entre elles et que le mental au lieu d’être étouffé par l’émotion peut en devenir non pas le maître (cela reviendrait à renforcer le contrôle) mais il peut l’observer et ainsi en devenir l’allié. C’est ce que propose la psychothérapie qui à la fois analyse les causes de ces mécanismes et permet d’apprendre de nouvelles façons de fonctionner, de laisser émerger d’autres possibles.

Qu’en est-il de l’attention ?


L’anxiété agit particulièrement sur l’attention en termes de capacité et de qualité. Les études ont montré que les personnes sujettes au stress avaient plus de mal à trier les informations qu’elles recevaient et donc à traiter une situation. Elles ont tendance à accorder de l’importance aux données non pertinentes, à se laisser envahir par trop d’éléments. Et c’est cette difficulté à aller vers l’essentiel qui brouille leur capacité attentionnelle.


Car, ce que nous identifions comme un « manque d’attention » est en fait, plus un éparpillement de celle-ci ou même un « trop d’attention » sur des choses qui ne sont pas en lien avec la situation.


Que faire face à cela ? Parmi les aides possibles notons que la relaxation, la méditation, l’expression artistique développent l’attention, la capacité à évaluer une situation et favorisent cet accès « à l’essentiel ».

Et la mémoire ?


Autre aspect de l’intellect, elle est souvent abordée dans les problématiques de vieillissement mais c’est tout au long de la vie que les souvenirs permettent d’être dans la continuité de l’existence et d’y donner sens. Lorsque N. Baumann et J.N. Thurin se sont penchés sur l’association stress/mémoire ils ont découvert un paradoxe :


D’une part, un événement investi émotionnellement laisse généralement une trace très précise. C’est pourquoi la publicité use et abuse de ce phénomène en réunissant affect et consommation, amenant ainsi une confusion qui s’imprime d’autant mieux dans les circuits mnésiques. Dans la mesure où notre mémoire n’est pas extensible à l’infini, le stockage d’informations nous amène à faire des choix. Qu’est-ce que je souhaite vraiment engranger ?

D’autre part et inversement, un traumatisme, en saturant les émotions, peut bloquer la mémorisation. Alors la personne n’a pas le souvenir de ce qui l’a fait souffrir. Au départ, c’est une forme de protection mais cela n’empêche pas d’autres symptômes de se manifester et de créer divers blocages. Donc, selon les situations, les personnes et l’intensité de l’affect, les émotions peuvent stimuler ou verrouiller la mémoire. Il s’agit d’accompagner l’homme ou la femme dans ce lien émotion/mental soit pour désencombrer et dépasser un souvenir qui par exemple revient en boucle, soit pour retrouver un élément du passé, l’analyser et déminer ses satellites (c’est à dire les symptômes qui s’y rattachent).


Je termine donc ce « passage » vers le mental, fonction psychique si riche, parfois si envahissante, et souvent parasitée par les émotions. Dans les prochains articles, je vous parlerai d’imagination, de pulsion, de volonté, d’intuition et de conscience.


*Bibliographie : « Stress, pathologie et immunité » J-M Thurin et N. Baumann. Flammarion 2010.



Sixième passage vers soi-même - Vivre avec ses pulsions, ses désirs et ses aspirations

Energie de vie/Energie de mort



Aujourd'hui, nous allons visiter une fonction psychique peut-être un peu moins accessible, que les sensations, les pensées ou les émotions, que nous avons abordées précédemment. Il s’agit, de cette activité de la psyché qui concerne les pulsions. Assagioli y associait les désirs et les aspirations que chacun porte en lui. Ce concept concerne à la fois les profondeurs de l’être et sa surface. L’énergie pulsionnelle nait dans les lointains replis de l’Homme, voire dans ses abysses intérieurs. Elle a donc une source, qui peut se trouver dans le corps, dans le mental, dans l’affect ou dans plusieurs de ces dimensions. Ensuite, l’énergie remonte vers les strates supérieures, c’est sa trajectoire. Elle tend vers un but et a un objet (moyen). Prenons un exemple : Anna a faim. Elle mange une pomme. La source de la pulsion est au niveau de l’estomac. Le but est la satiété, l’objet est la pomme. La pulsion peut laisser émerger le désir et les aspirations, en créant à la fois, une tension et un mouvement interne, un moteur poussant à l’action. Dans les relations, il est souvent intéressant de se demander si l’autre représente un but ou un objet pour nous. Quel est le but de telle ou telle relation ? Est-ce vraiment d’être en lien avec cette personne, ou est-ce de ne pas être seul, par exemple ?


Autour de ces notions, on parle aussi « d’énergie de vie » et « d’énergie de mort » parce qu’effectivement, nous sommes en contact avec des forces de conservation et des pulsions sexuelles mais aussi des forces plus destructrices, parfois morbides ou agressives. Elles s’opposent entre elles dans un conflit que l’on qualifie de dynamique. Il n’est toutefois pas question de s’enfermer dans une vision par trop manichéenne, car non seulement ces composantes ont un sens dans notre fonctionnement psychique, voire une utilité, mais elles sont souvent mêlées, imbriquées. Prenons l’exemple du fumeur, il est motivé au départ par une recherche de plaisir et donc l’expression d’une pulsion de vie, pourtant elle s’élabore autour d’éléments nocifs et asservissants qui relèvent plus de la pulsion de mort.


Par ailleurs, ne perdons pas de vue que malgré tout, ces deux énergies sont indispensables à notre équilibre. Et que la pulsion de mort a plusieurs facettes : Elle permet par exemple de lâcher ce qui n’est plus d’actualité, de tourner la page. Sans elle, comment créer du neuf ? Comment faire de la place ? Comparons ce cycle à celui de la nature. L’arbre perd ses feuilles en automne, ce qui lui permet d’en retrouver au printemps. La mort des feuilles n’est pas la mort de l’arbre. Au contraire, cette perte est nécessaire. De la même manière laisser mourir des comportements erronés, permet un rééquilibrage. Je vous invite à percevoir que cette énergie de perte n’est pas forcément notre ennemi, et que les deux aspects vie/mort se complètent dans une synthèse, source de transformations.


Nos pulsions, considérées alors, comme source d’énergie, plutôt que d’être contrôlées, peuvent être accueillies. La méditation ou la pratique artistique entre autres, facilitent la conscientisation des processus psychiques et donc ce travail interne de perception et de transformation des énergies. Car il s’agit, en conscience, de leur choisir un but, coïncident avec nos désirs, nos aspirations mais aussi nos valeurs.


Assistance d'un Membre de la Société Française de Psychosynthèse Thérapeutique

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